Le très bel enregistrement présenté ici, dont le programme permet de découvrir ou redécouvrir des pages plus ou moins méconnues, n'a rien d'une commande opportuniste, soucieuse de s'inscrire dans un mouvement à la mode, en l'occurrence la promotion militante de la création féminine. Certes, la noblesse d'une telle cause n'a pas échappé aux deux interprètes, Clara Danchin et Anna Jbanova, mais, plus généralement, la ferveur de leur jeu impose surtout l'idée qu'il convient de rendre justice à des oeuvres qu'on ne saurait reléguer au rang de curiosités. La fonction muséale du disque joue son rôle, mais dans une perspective qui vise clairement à encourager des exécutions en concert. Il est certaines partitions, en effet, qui furent victimes des vents contraires du destin, et la sonate de Marguerite Canal, par exemple, ne saurait mieux illustrer notre propos. On le sait, elle avait enthousiasmé le grand Enesco qui, frappé par la mort, ne put réaliser son projet de la donner en public. Au sujet de cette sonate, il n'est pas indifférent de savoir que Clara Danchin, professeur au conservatoire de Toulouse, a donné son temps sans compter pour explorer les archives de la bibliothèque municipale, collaborant ainsi à une biographie de Pierrette Germain.