La méthodologie idiosyncratique d'Aenigmatum (Portland) est flagrante dès l'énergique Forged from Bedlam, le morceau d'ouverture de ce deuxième album. Alors que le rythme est frénétique, la vitesse n'est jamais une béquille sur laquelle ils s'appuient, mais plutôt un dispositif délibéré dans un ensemble tentaculaire de fragments death mélodiquement précis et techniquement fascinants. Les huit chansons de Deconsecrate constituent une structure labyrinthique d'une complexité nuancée, d'un chaos explosif sinueux. Glaçant le sang et d'une beauté incandescente à la fois, ils tempèrent leur intensité élaborée et flétrie avec des passages mélodiques incroyablement élégants qui restent gravés dans l'esprit, comme d'imposantes hallucinations de marbre. En plongeant dans cet album, on pourrait être pardonné de supposer être tombé sur une perle perdue de Göteborg du milieu des années 90...

New Noise nº 60 p.106 du 13/01/2022, noté 8/10