Aujourd'hui encore, la musique de Jean-Sébastien Bach continue de résonner et d'inspirer de nouvelles générations d'artistes. Bien au-delà de l'âge baroque, religieux, qui l'a vue naître, loin du clavecin, des chorals ou de l'orgue pour lesquels elle fut composée, elle se laisse réinventer. Bach Mirror, le second album de Vassilena Serafimova et de Thomas Enhco, en donne une nouvelle preuve miroitante. Cette suite de treize éclats s'inspire en toute liberté de la musique du compositeur, comme autant de jeux de miroir avec les compositions originales : aux reflets éclatés, inversés, troubles ou démultipliés. Dans Avalanche, sur laquelle s'ouvre le disque, on reconnaît l'inspiration du Prélude nº2 du livre 1 du Clavier bien tempéré tandis que Cantata naît de la douce aria Sheep may safely gaze, mais s'en éloigne dans un miroitement nouveau. Silence n'est pas une simple transposition mais semble provenir d'un autre monde, qui connaît Satie et Debussy, l'art des soupirs et les jeux d'eaux. D'un motif, d'une harmonie, d'une humeur, Thomas Enhco et Vassilena Serafimova tirent des créations nouvelles où le son chaud et rond du marimba danse avec celui, cristallin, du piano. Pour ces musiciens polyvalents férus de percussions et de syncopes, la musique de Jean-Sébastien Bach n'est pas que contrepoints et architecture, c'est un souffle rythmique : Bach Mirror, de bout en bout, est porté par des tempi allègres, virtuoses et vivifiants.
Sélection FIP de Avril 2021