L'image de la chanson en français est ringarde, presque monolithique. Difficile d'imaginer tout ce qu'il y a en dessous : les minoritaires, les outsiders, les "artistes maudits", ceux qui dessinent les marges de la chanson, ces fêlés qui laissent passer la lumière : l'underground pop francophone en somme. Injecter un peu de pop sous la terre et bourgeonner, ou ramper gaiement. Le monde underground est atomisé : il y a des scènes musicales locales, définies par des limites géographiques, et puis des scènes stylistiques, toutes ces nébuleuses restent imperméables les unes des autres, ou presque. Voici donc la revendication joyeuse d'une communauté invisible d'amateurs, dans l'acceptation la plus noble du terme, qui tend à créer de la curiosité, des connexions imprévues, de la surprise, au-delà des chapelles habituelles et de la frilosité ressentie un peu partout dans la plupart des médias, chez de plus en plus de programmateurs de spectacle... Cette anthologie a l'ambition d'une étude en temps réel de l'activité souterraine et francophone de notre temps, via Metz, Toulouse, Valence ou Montferrand, Montréal, Bruxelles, Bordeaux ou la Haute-Loire. L'exploration des chemins de traverse plutôt que le courant principal, une ode à l'autoprod' et au pas de côté. C'est aussi une possible ossature de l'archéologie du futur des musiques francophones.